28/10/14

Une page s’est tournée

USA and India

Comme je vous le disais il y a quelques jours, j’ai démissionné en vue d’un nouvel emploi. Vendredi dernier, j’ai donc dit au revoir à mes collègues et je ne peux m’empêcher de repenser à mes premières impressions et de faire le bilan de cette première année professionnelle aux États-Unis.

Je relis sur mon blog mon récit de ma première semaine et je me souviens à quel point j’avais été choquée par le manque de contact humain dans cette équipe.

Quand je me déplaçais dans le cubicle de quelqu’un pour dire bonjour, on m’envoyait promener.

Quand j’apportais des gâteaux (ce qui a toujours super bien marché en France pour sympathiser avec les autres), personne n’en voulait.

Quand on a eu des repas d’équipe (assez rarement malgré tout), je ne retrouvais pas la convivialité des pots de départ à la française et je n’arrivais pas à entamer de discussions avec les autres.

Bref, après toutes mes tentatives diverses, je me rappelle m’être dit que je n’arriverais jamais à m’intégrer ici, et que de toutes façons ils n’étaient déjà pas spécialement intégrés entre eux…

Et puis, comme je n’avais pas envie de lâcher l’affaire (parce que je peux faire preuve d’une ténacité assez particulière quand je veux arriver à mes fins), j’ai continué mes tentatives de gâteaux, de bonjours, de sourires et de toutes les petites opportunités que j’ai pu trouver pour tenter de discuter (malgré mon anglais oral plus que bancal au début).

Et puis, un jour, Vishnu a discuté avec moi dans le couloir. Ça a duré moins de deux minutes, mais c’était LE moment social du mois alors ça m’a fait ma journée. Ensuite, Vishnu m’a proposé de me joindre à un petit groupe de collègues pour commander des dosas et manger ensemble. Aucune idée de ce qu’est un dosa, aucune idée de la différence entre les 30 dosas de la liste, j’ai bien évidemment accepté sans hésitation sa proposition en choisissant un truc au hasard. Une fois par mois il organisait ça. J’attendais ce jour avec impatience, car c’était mes 15 minutes de conversation du mois (même si j’avais un mal fou à suivre, mais au moins je ne mangeais pas toute seule et c’était assez convivial).

Et puis, Ganesh a apporté du Halwa (dessert indien qui n’a rien à voir avec le Halwa du moyen-orient) que sa femme avait préparé et l’a partagé à la fin d’un de nos déjeuners mensuels. C’était bon alors je lui ai demandé la recette. Quand le printemps est arrivé, il y a eu la fête indienne de Holi. J’ai suivi la recette de mon collègue, que j’ai légèrement adaptée à mes goûts, et j’ai apporté mon Halwa que j’ai distribué à tous mes collègues en faisant le tour des cubicles, souhaitant un joyeux Holi à tous. Ganesh m’a dit que mon Halwa était meilleur que celui de sa femme et tous les autres collègues étaient scotchés de me voir apporter un dessert indien fait maison pour Holi. Mais, ce jour-là, Vishnu n’était pas là…

Et puis, je me suis rendue compte que Vishnu ne reviendrait pas. Apparemment il avait démissionné sans le dire à personne. Alors j’ai décidé d’organiser les commandes de dosas à sa place, et j’ai monté la cadence à presque une fois par semaine. Petit à petit, j’ai commencé à nouer des relations. Je me suis mise à aller papoter au moins 5 minutes par jour avec Jasvinder, Ravinder s’est mis à venir me dire bonjour tous les matins, Ranesh a commencé à venir régulièrement me faire goûter les spécialités indiennes que sa femme lui cuisinait pour le déjeuner…

L’été est arrivé, et puis au retour des vacances j’ai eu des contacts pour un nouveau travail, puis j’ai signé le contrat et annoncé ma démission. J’ai alors été incroyablement surprise par la réaction de mes collègues qui m’ont tous félicitée chaleureusement par une bonne poignée de main, en ajoutant sincèrement « Je suis vraiment triste que tu partes » ou « Tu vas me manquer ». C’était vraiment touchant.

La veille de mon dernier jour de travail, c’était Diwali, une grande fête indienne pour laquelle tous mes collègues sont venus en tenue traditionnelle partager le repas festif ensemble. J’ai fait comme eux, j’ai mis un sari que ma collègue m’a aidée à mettre en place. C’était un moment génial et mes collègues étaient sidérés en me voyant ! Je suis contente d’avoir terminé là-dessus.

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Et puis, le dernier jour, c’est avec une pointe de nostalgie que je suis partie après avoir dit au revoir à tout le monde et reçu quelques hugs. Je repense alors à mes cinq premiers mois où l’intégration me paraissait impossible et je suis fière du chemin que j’ai parcouru ! J’ai bien aimé ce petit voyage en Inde, qui m’a donné envie d’y aller pour de vrai un jour.

22/02/14

Resto entre collègues

Environ une fois par mois, mes collègues se font livrer des plats indiens que nous mangeons tous ensemble dans une salle de réunion. Aujourd’hui, pour la première fois en trois mois (et oui, déjà 3 mois que je travaille ici !), nous avons été tous ensemble au restaurant (indien) pour fêter le départ d’une collègue qui va se marier en Inde la semaine prochaine.

L’avantage du restaurant ce midi, par rapport aux fois où nous commandons notre plat à livrer, c’est que c’était un buffet, et que même si je ne comprends toujours pas la moitié des inscriptions devant les plats, au moins je vois à quoi ça ressemble 🙂

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Vu le peu de relations sociales sur le lieu de travail, quand il s’agit de manger entre collègues, j’adore ça !

A chaque fois, il y a toujours quelqu’un pour me demander : « alors, que penses-tu de la nourriture indienne, ça te plait ?
moi : – Oui, j’adore ça, merci
le collègue, souriant et se marrant un peu – Pas trop épicé pour toi ? »

Et là, en général, la bouche en feu, je réponds : « mais non, c’est juste parfait comme ça », parce que bon, j’ai pas envie de passer pour une petite nature devant mes vingt collègues indiens, hein… mais j’avoue que ce qu’ils mangent ici, mes collègues, c’est beaucoup, beaucoup plus épicé que tous les restaurants indiens que je connaissais en France !

Quand on mange ensemble, ça discute. Au bout de 3 mois, je ne comprends toujours pas les discussions (ni même les sujets, ça craint). Alors, en général, je fais semblant, et puis je rigole quand tout le monde éclate de rire, histoire de ne pas avoir l’air associable…

Ce midi, alors que j’avais décroché depuis un moment, la collègue à ma droite me dit « oups, excuse-nous, on s’est mis à parler en Hindi sans s’en rendre compte ». Moi non plus, je ne m’en étais pas rendu compte, c’est pour vous dire ! 🙂